Ici avec Ahmed !
Que nous remercions vivement pour la visite et les explications sur sa passion, son artisanat...
Le village potiers de Safi....
L’art de la poterie marocaine est un univers à lui seul, un mélange de patience, de précision et de poésie manuelle.
Dans la médina de Safi ou au village potiers, on peut voir ces maîtres assis devant leurs tours, mais surtout ces peintres qui, armés d’un simple pinceau trempé dans l’oxyde coloré, transforment une assiette brute en un objet d’art.
La dextérité du geste...
Leur main ne tremble pas. Elle se déplace avec une régularité fascinante, comme guidée par une mémoire ancestrale. Chaque trait, chaque arabesque, chaque rosace est exécuté d’un seul mouvement, sans retour en arrière, sans esquisse préalable. Le peintre ne corrige pas, il improvise avec rigueur. On retrouve souvent les mêmes motifs géométriques, floraux ou calligraphiques, mais chaque pièce garde une singularité, comme une signature invisible.
Les couleurs...
La palette est limitée mais vibrante. Traditionnellement, on retrouve le bleu cobalt intense, inspiré de l’Andalousie, le vert cuivreux, le manganèse brun-noir, parfois le jaune ou le rouge. Ces couleurs sont obtenues à partir d’oxydes minéraux, mélangés avec de l’eau et appliqués directement sur la faïence encore crue ou déjà engobée. Après cuisson, elles révèlent une luminosité presque vitreuse, éclatante sous l’émail transparent.
Les faïences...
Le Maroc est particulièrement connu pour sa faïence de Fès, qui se distingue par sa finesse et ses motifs géométriques complexes, héritage de l’art arabo-andalou. Safi, de son côté, est célèbre pour ses pièces aux couleurs plus variées et pour ses productions plus populaires mais tout aussi vivantes. Dans chaque région, le style change, à Tamegroute, par exemple, la poterie vernissée d’un vert profond ou brun-ocre naît d’un secret de cuisson et de glaçure transmis de génération en génération.
Les cuissons...
La cuisson est un rituel en soi. Les fours traditionnels en briques sont chauffés au bois, parfois même aux résidus agricoles. La température doit être maîtrisée avec une précision empirique, trop basse, l’émail ne vitrifie pas, trop forte, les couleurs brûlent. Souvent, deux cuissons sont nécessaires, la première (biscuit) durcit l’argile, la seconde fixe l’émail et les couleurs, leur donnant leur éclat final.
Quand le four est ouvert, après de longues heures de refroidissement, c’est un moment presque sacré, on découvre les assiettes transformées, chacune portant sa part de feu et d’alchimie.
Le village des potiers de Safi
http://www.safi-ville.com/poteries_&_tajine.php